La scolarisation de la fille burundaise: une conquête inachevée

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La scolarisation des filles est au cœur des objectifs de l’éducation pour tous. Dans le monde, les filles ont moins l’accès à l’école que les garçons. Sur les 70% d’enfants qui ont accès à l’école primaire en Afrique subsaharienne, on compte 89 filles pour 100 garçons. Seuls, 25% des enfants ont accès au secondaire dont 80 femmes pour 100 garçons. Le phénomène de sous-scolarisation des filles s’explique par un plus faible accès à l’école et aussi un plus fort taux d’abandon.
A l’université du Burundi, l’effectif des filles pour les nouvelles entrées est de loin inférieur à celui des garçons, dans les sciences comme dans les lettres. En moyenne, le taux d’inscription pour les filles est de 16,9 % contre 82,9 % pour les garçons.
En Afrique en général et au Burundi en particulier, les filles sont confrontées à des obstacles particuliers tout au long de leur scolarité. Notamment les coûts de scolarisation, les mariages précoces, les conditions de sécurité, les violences sexuelles, les barrières culturelles.
Ces derniers décennies, à l’échelle nationale et internationale, les parties prenantes (responsables gouvernementaux, associations scolaires ou féminines locales, enseignants, communautés, et les filles elles- mêmes) se sont mobilisées avec des ressources diverses pour que les filles puissent aller à l’école et achever le cursus éducatif.
Dans cette vague, le Burundi n’a pas été épargné. Petit à petit, avec les décisions politiques ainsi que multiples actions des acteurs tant nationaux qu’internationaux, les effectifs des jeunes filles qui fréquenter l’école sont de plus en plus important. Mais, ils s’amenuisent au fur et à mesure avec la hiérarchie scolaire.
Le spectacle d’un champ scolaire/académique dominé par les hommes s’explique par une combinatoire de faits inter-liés qu’il est difficile d’énumérer dans leur exhaustivité. Il s’agit de la distribution sexuelle des tâches sociales et la division sexuelle de leur espace d’exercice : les femmes, mères au foyer, accomplissent la totalité des tâches domestiques ; les hommes, hors du foyer, s’occupant des affaires extérieures.
A cette éducation différentielle s’ajoutent les mariages précoces, procréation-légitimité sociale de la femme, les mentalités traditionnelles qui synonymisent le diplôme d’une femme et son mari et la pauvreté doublée d’une domination masculine.
« Même à la maison, les parents te disent que le Master, c’est déjà bon, qu’il ne faut pas aller au-delà pour faire la thèse, parce que c’est dangereux pour l’avenir d’une femme » raconte (Médiatrice, étudiante à Bujumbura)
A notre avis, l’éducation est la clé qui permet d’atteindre de nombreux autres objectifs de développement durable. Un enseignement de qualité est un tremplin au développement. L’éducation aide à réduire les inégalités sociales et de genre. Elle offre également les moyens de vivre de façon plus saine et durable.
Aussi, l’éducation contribue-t-elle à la tolérance et par ricochet à l’instauration des sociétés plus pacifiques.
Si l’on s’accorde sur ce rôle fondamental de l’éducation dans le processus de développement, il devient évident que: Ecarter les filles du milieu scolaire, c’est condamner ces filles à l’éternelle pauvreté ; les exclure du milieu scolaire, c’est les condamner à l’éternelle domination masculine. L’accès inégal aux lieux de formation est une façon de condamner nos sociétés au développement du sous-développement. Il convient d’interpeler tous les acteurs impliqués dans ce domaine en commençant par les parents, de conjuguer les efforts pour déconstruire tous les préjugées et obstacles autour de la scolarisation de la fille